ÉVOLUTION DE LA PLACE ET DU TRAITEMENT
DE LA FEMME GABONAISE DANS LA PRESSE
Le besoin des populations de connaitre et d’être informées en temps réel, a connu une nette évolution depuis la Déclaration universelle des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789. Que ce soit dans les pays développés ou ceux en voie de développement, le grand village planétaire dans lequel nous vivons réunit l’ensemble des publications périodiques et des autres organes de presse qui s’y rattachent : radios, télévisions agences de presse sans oublier, la grande révolution de la communication introduite par Internet avec les médias sociaux. Cet univers, jadis réservé aux hommes, accueille de plus en plus de femmes.
Au Gabon, les premières lueurs de l’implication des femmes dans le seul organe de presse non pas écrite, mais plutôt radiophonique, remontent au soir du 28 novembre 1959 avec la création de la radio lorsque la voix de feu Léon Mba, père de la nation, pénètre les foyers à travers les ondes. Cet outil, qui doit permettre aux autorités d’atteindre leurs objectifs de développement s’invite, sans préparation préalable, dans un milieu socio-professionnel où la femme gabonaise n’y est pas encore présente.
La radio donne ainsi une opportunité à la gent féminine de devenir l’historienne de la vie socio-culturelle, économique, politique de son pays. Toutefois, cet environnement embryonnaire tant au niveau de la ressource humaine que logistique, impactera fortement ledit secteur sur de longues années. La Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789, en son article 11, reconnait la libre communication des pensées et des opinions, servira de déclic, en accordant un des droits les plus précieux de l’Homme : celui de parler, écrire, imprimer librement, tout en respectant le cadre légal.
C’est ainsi qu’au Gabon, avec ce nouvel instrument de communication radiophonique, ‘’la poignée de femmes’’, pour ne pas dire la seule formée sur le tas, devra répondre à la principale exigence des populations qui veulent avoir l’information en temps réel. L’éducation et le divertissement suivront. Le défi, assurément, sera de trouver des profils adéquats. Ne dit-on pas qu’à « défaut de merles on mange des grives » ? Ainsi, bien que n’étant pas du secteur, Vicky Fournier, première animatrice à Radio-Gabon, va se jeter à l’eau pour devenir une illustre pionnière. De nouveaux visages féminins à l’instar de Justine Nganga, Agathe Annie Okoumba d’Okwatsegue, juriste de formation et ancienne journaliste à Radio-Gabon, mais déjà fortement ancrée dans le monde associatif pour faire entendre la voix des Femmes, vont marquer le monde de la presse.
Combler la carence
Les exigences de la corporation ne pouvant plus se contenter de l’offre du moment, les autorités vont se tourner vers les écoles de journalisme pour combler cette carence. Ainsi, des écoles de renom sont sollicitées à l’exemple de l’école de Lille, l’ESTIC, Bordeaux, le Cesti etc.
D’autres voix de l’époque avec des journalistes formées, aussi bien en presse écrite qu’en audiovisuel, et toutes aussi méritantes, à l’instar d’Albertine Koumba, Geneviève Oyane, Micheline Koumba etc., ont su prouver qu’à diplôme égal, les femmes bien qu’étant moins nombreuses dans le secteur s’en sont sorties sans trop de difficultés.
La station radiophonique panafricaine AFRICA N°1, née en 1981 d’un partenariat entre l’Etat gabonais, des investisseurs privés et la SOFIRAD, est venu booster de fort belle manière le paysage médiatique féminin sur le plan international. Nous citerons des noms qui ont su faire vibrer les ondes bien au-delà des frontières : Denise Boukandou, Bonga Bakissi, Helène Ossey….
Déclencheur de la présence féminine
La Conférence nationale de 1990, a été un élément tout aussi déclencheur de la présence féminine dans le monde des médias par la création de journaux ou autres radios. Le traitement qui leur était réservé par leurs confrères masculins ne pouvait pas poser problème, vu que la concurrence n’était pas de mise. Le Programme international pour le développement de la communication (PIDC) de l’Unesco, recommandait déjà à l’époque, l’amélioration de l’intégration des femmes dans les médias et leur implication dans les débats et la prise de décision. Ce point de vue partagé lors d’un atelier animé en 2008, par le Pr. Anaclet Ndong Ngoua, maitre de recherche Cames, qui faisait remarquer que « <strong”>⅓ des journalistes au Gabon sont des femmes. 1 femme sur 10 occupe un poste de responsabilité » a connu une nette évolution. Au point où les perspectives dans ce secteur sont indéniables avec la présence d’Internet où de grandes facilités sont venues améliorer le secteur communication. Ainsi, se sont créés à l’initiatives de consœurs de la jeune génération des chaines de radios ou télévisions et journaux numériques
Le Gabon ne pouvant rester en dehors de la mondialisation avec son entrée de plain-pied dans le grand village planétaire grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la Communication (Ntics) a dû revoir son écosystème juridique par l’adoption de la loi n°019/2016 du 09 août 2016 portant Code de la Communication en République Gabonaise. Sachant que celui-ci est loin d’être celui qu’attendaient les journalistes en matière de liberté d’expression.
Gérard-Philippe Walker