UN AN D’ATTENTISME, ÇA SUFFIT !

Après un an d’attentisme, les partis politiques et les organisations de la société civile (OSC) sortent de leur réserve. Face aux événements en cours, y compris le référendum à venir sur la nouvelle Constitution nationale qui divise les Gabonais.es, le Copil Citoyen et le Cercle Omega montent au créneau pour faire le point et tirer les leçons d’une année à nulle autre pareille.
Le porte-parole du Copil Citoyen, Joanna Boussamba, partage son sentiment de joie et de libération : « Pour une fois on n’a plus le nom des Bongo à la tête du Gabon. Si l’on avait demandé à chaque Gabonais d’imaginer ce scénario, personne n’aurait pu imaginer cela ! » De son côté, le coordonnateur général du Copil Citoyen, Joël-Patrick Dinzambou, juge louables les actes des autorités de la transition, en particulier la levée du drapeau, l’attribution de bourses aux apprenants, de postes budgétaires aux enseignants et la création d’emplois pour les jeunes. »
Dans les rangs du Cercle Omega, le président du parti, Robert Marcel Tchoreret, déclare : « Nous avons un sentiment de satisfaction. Nous avons constaté que les Gabonais ont adhéré à l’action du CTRI. Ils ont exprimé au président de la République leur attachement à ce qu’il a déjà réalisé en un an avec l’ensemble du CTRI et des forces de défense et de sécurité associés, bien entendu, aux civils qui ont apporté leur pierre à l’édifice. Le sentiment est profond et positif. Nous disons simplement au CTRI, au président de la République, de continuer sur cette voie. »
Pour autant, la joie qui se dégage chez les uns et les autres est en en demi-teinte. Robert Marcel Tchoreret, déplore que les personnes qui auraient dues être sanctionnées ne l’aient pas été. « Le CTRI a voulu unifier, pardonner, en disant que ceux qui ont pris les fonds publics auront le courage de venir rendre cet argent. Le CTRI a lancé des appels. Je crois que certains coupables se disent qu’ils sont intouchables, mais nul ne peut être intouchable dans une république parce que dans une République, il y a la loi. Que chacun puisse comprendre que le Gabon n’appartient à personne. Le Gabon appartient à tous. Donc, nous devons poser des actes pour le bien de tous et le salut de notre pays. »
« Nous ne pouvons pas avoir de Gabonais dignes si la majorité n’a ni emploi ni pouvoir d’achat », estime Joël-Patrick Dinzambou. « Si les personnes concernées n’ont pas de pouvoir d’achat, elles ne sont pas libres. Elles se font facilement acheter. Qu’est-ce qui peut justifier, par exemple, qu’un policier demande 500 ou 1 000 francs quand il fait des contrôles ? C’est le pouvoir d’achat. Il est obligé d’arnaquer. Là, nous avons un problème de corruption, de bonne gouvernance. »
Abordant la question sur la restauration des institutions, Joanna Boussamba indique que « Le Copil Citoyen aurait souhaité en voir un peu plus dans ce domaine. Mais, certains visages perdurent alors que, parfois, leurs noms sont impliqués dans des dossiers. » Elle dénonce aussi la campagne référendaire prématurée en faveur du «Oui» ou du «Non» et « la pollution visuelle avec l’image du Président qui est utilisée à tout va. » Elle alerte le public et les autorités de la Transition sur le risque d’un retour aux méthodes du précédent régime basées « sur le culte de la personnalité qui n’a rien apporté à notre pays. »
Yasmina Marat-Abyla, juriste en droit international et présidente de l’ONG Benedicta Cantal pour la défense des droits des détenus et des personnes incarcérées indique : « Il ne faut pas prendre à la légère le projet de Constitution. La Constitution doit nous rassembler. Elle ne doit pas être discriminatoire. On est tous Gabonais. »
Se déclarant, par ailleurs, ravie du coup d’état du 30 août 2023 et de la libération de certains prisonniers, Yasmina Marat-Abyla dénonce, d’une part, « les conditions de détention qui ne se sont pas véritablement améliorées » et, d’autre part, « les dérives et les abus des forces de sécurité à l’endroit des jeunes. » Selon la juriste, « plusieurs sont morts pour n’avoir pas respecté le couvre-feu. » Elle invite les forces de sécurité à respecter le droit et les conventions internationales.
Tama Z’Akis