LA MONTÉE DES AGENCES DE PLACEMENT DE PERSONNELS

LA MONTÉE DES AGENCES DE PLACEMENT DE PERSONNELS

Face au fort taux de chômage auquel se heurte la jeunesse gabonaise, on assiste à lʼaccroissement des agences de placement de personnels, qui sʼimplantent un peu partout sur le territoire.

 

Entre 2016 et 2020, le Gabon se plaçait dans le top des pays dʼAfrique subsaharienne à avoir un taux de chômage élevé, soit autour de 35 %. Au cours de cette période, lʼOffice national de lʼemploi (ONE) aurait déclaré à lʼagence de presse en ligne Gabon Media Time (GMT) avoir enregistré 64 077 demandeurs dʼemploi. Selon la même source, 87% des demandeurs avaient entre 16 et 34 ans.

 

En dehors de lʼONE, qui sʼest mué en 2022 en Pôle national de promotion de lʼemploi (PNPE), plusieurs autres structures sʼimpliquent dans la stratégie dʼinsertion professionnelle des jeunes. Elles se démarquent, pour certaines, par des communications peu conventionnelles et affichent des salaires très aguicheurs. Des questions sʼimposent quant à la fiabilité et au fonctionnement des agences de placement de personnels, dʼune part, et au taux dʼinsertion professionnelle, dʼautre part.

 

Des startups aux grandes entreprises, les agences de placement de personnels proposent désormais une variété de services pour mieux se vendre. « Nous proposons des formules de services diverses : les publications dʼannonces et les publications dʼannonces avec pré-entretiens. Certains partenaires nous confient même le recrutement de leurs employés en totalité », renseigne Darlin Kombila, responsable de la communication à Gabon Emploi et Stages. « Pour une meilleure insertion professionnelle nous proposons également aux candidats un service formation-insertion. Nous les formons pour, ainsi dire, faciliter leur intégration en entreprise. Aussi, certaines PME font-elles appel à nous pour que nous formions leur personnel.»

 

Dans ce secteur en pleine expansion, la concurrence est rude et les entreprises sont de plus en plus nombreuses à avoir recours à ces agences. Elles souhaitent collaborer avec des professionnels et nʼhésitent pas à se faire recommander, confirme Coralie, agent de suivi et de la sous-traitance à la Sucrière africaine du Gabon (Sucaf). « Nous travaillons avec le cabinet Human Ressource Solution (HRS). HRS nous avait été recommandé par un collaborateur centrafricain. Il nous avait fourni un dossier administratif comportant une fiche circuit, un numéro RCCM (registre du commerce et du crédit immobilier), un justificatif de la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS), une responsabilité civile et une patente des impôts. Ces documents nous ont rassurés sur la fiabilité de cette entreprise avec qui, jusquʼà présent, nous obtenons une entière satisfaction sur toutes les prestations.»

 

Pendant les vacances particulièrement, les agences de placement de personnels sont très sollicitées. Les sociétés sʼactivent à employer des jeunes à la recherche de petits boulots.

 

Elles font donc appel à ces structures spécialisées pour effectuer la liaison. « Cʼest surtout pendant la période des grandes vacances scolaires que lʼon nous demande des jeunes avec ou sans expérience. Les entreprises ne sont pas exigeantes et tirent une grande rentabilité de ces emplois saisonniers », ajoute Darlin Kombila. « Nous travaillons avec le service RSE (responsabilité sociétale dʼentreprise) de la Comilog (Compagnie minière de lʼOgooué). Pendant les vacances, il nous envoie des jeunes vacanciers recrutés par la société pour les insérer dans nos effectifs de sous-traitance », déclare M. Gislain, coordinateur de travaux et chargé de recrutement à SAT service (entreprise sous-traitante de la Comilog).

 

Ces bureaux de recrutement sont la courroie de transmission entre les entreprises et les demandeurs dʼemploi. Les services sont rémunérés de plusieurs manières en fonction des agences. Pour les plus classiques, ce sont les entreprises qui sʼattachent leurs services qui payent en totalité la prestation. Pour les plus modernes, elles constituent une base de données payante quʼelles proposent aux chômeurs dʼintégrer.

 

Après un entretien concluant, lʼagence débitera une commission dʼun pourcentage prédéfini sur le premier salaire du nouvel employé en plus dʼune rémunération émise par lʼentreprise dans le besoin. M. Kombila précise : « Lorsque nous sommes sollicités, nous sommes payés à 50% du salaire de la personne recrutée : 25% de la somme avant signature du contrat et les autres 25% juste après. »

 

Selon un sondage, près de 78% des jeunes en âge de travailler connaissent des agences de placement de personnels privées, mais seulement environ 12% y ont recours. Une jeune comptable affirme que : « Mis à part lʼONE, jʼai eu recours à une agence de placement de personnels très connue sur les réseaux sociaux. Malgré le service rémunéré, au bout dʼun an je nʼavais toujours pas obtenu dʼemploi.»

 

Les réseaux sociaux constituent une force dans la communication des agences surtout pour la diffusion de leurs annonces dʼemploi. Des posts Facebook, Instagram et Linkedin en passant par les groupes WhatsApp, les annonces abondent. « Jʼai été inséré dans un groupe WhatsApp de demandeurs dʼemploi par un ami et jʼai reçu une annonce à laquelle jʼai postulé. Une semaine après, jʼai été contacté par le cabinet en charge du recrutement. Un peu plus tard, jʼai passé lʼentretien avec le directeur dʼusine et jʼai été embauché », indique Yannick, conducteur de travaux à la Sucaf.

 

De plus en plus présentes et nombreuses, ces structures affichent un taux de réussite de placement de personnels au-dessus de 50% pour la plupart. Elles ne cessent de se réinventer pour rester compétitives. Le pays, qui mise sur un dispositif visant lʼinsertion de 60000 jeunes en cette année 2023 pour lutter contre le chômage, pourrait bien se tourner vers elles en appui au PNPE. La montée des agences de placement de personnels. 

 

 Difira Pamouande

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