MOTIVATIONS D’UN PUTSCH INATTENDU
Le coup d’État des forces de défense et de sécurité, réunies au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), a marqué un tournant majeur dans l’histoire du Gabon. La rupture avec le régime Bongo qui a régné pendant plus de cinq décennies a été saluée par l’opinion, qui rêvait depuis les années 1990 d’une réelle alternance politique.
Dès l’annonce du putsch du 30 août 2023, le CTRI s’est expliqué sur ses motivations profondes. Celles-ci incluent les résultats tronqués des élections du 26 août 2023, les multiples accusations de mauvaise gouvernance, de corruption et de fraude électorale sous le précédent régime. Après l’annulation du scrutin, le CTRI a promis de réformer le système politique et électoral, de restaurer les institutions publiques et la dignité des Gabonais.es.
Le nouveau leadership militaire
Le nouveau pouvoir est incarné par le général Brice Clotaire Oligui Nguema. Il assure la présidence de la transition. Dès son arrivée au pouvoir, il s’est engagé à rompre avec le passé, malgré le scepticisme de certains observateurs sur les changements annoncés. Pour autant, le coup d’État a été accueilli favorablement.
Après des années de mécontentement face à la gestion scabreuse du régime Bongo, l’opinion gabonaise a salué l’arrivée au pouvoir des militaires. Si d’aucuns s’inquiètent de la capacité du CTRI à tenir ses promesses d’organiser une transition démocratique, d’autres, en revanche, ont foi en la construction du Gabon nouveau.
Au niveau international, le coup d’État a provoqué des réactions contrastées. Alors que certaines organisations, comme l’Union africaine (UA), ont condamné le putsch du CTRI, des pays comme la France ont appelé à une transition pacifique et rapide vers un retour à l’ordre constitutionnel.
Le Gabon s’achemine vers l’adoption d’une nouvelle loi fondamentale qui fera l’objet d’un référendum dans les prochaines semaines. Selon le Comité constitutionnel national, le texte répond aux attentes des populations. Au-delà des dispositions politiques, afférentes notamment au retour au régime présidentiel, le document contient des éléments de continuité et de nouveauté. La nouvelle dimension de la loi fondamentale intègre :
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- La restauration de la dignité humaine.
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- La souveraineté du Gabon sur les ressources nationales.
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- La protection de l’environnement.
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- La reconnaissance de la société civile.
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- La décentralisation des pouvoirs.
La réforme institutionnelle
La réforme institutionnelle s’impose comme un passage obligé en cette période de transition, afin de doter le Gabon d’un environnement politique stable et d’institutions fiables, d’améliorer l’efficacité de la gouvernance et du système judiciaire, de combattre la corruption et d’attirer les investisseurs étrangers. Le processus devrait aboutir à l’instauration de la démocratie pluraliste et d’un État de droit.
L’alternance politique
Pendant que certains compatriotes exhortent le président de la transition à se présenter à l’élection présidentielle de 2025, des voix s’élèvent dans l’opinion pour exiger le respect des engagements pris par les autorités de transférer le pouvoir aux civils.
La relance de l’économie
Le CTRI a pour ambition de diversifier l’économie nationale. Au-delà du bois, des mines et du pétrole, il entend développer les autres secteurs de l’économie, notamment l’agriculture, l’énergie, le numérique, la pêche et le tourisme. Cependant, le Gabon fait face à des défis majeurs, en particulier la réduction des inégalités, le paiement de la dette et le regain de confiance des investisseurs étrangers.
L’appareil militaire
Garant de l’intégrité territoriale, défenseur des intérêts vitaux de la Nation, l’appareil militaire est en cours de restructuration. Le processus intègre la revitalisation complète des forces de défense et de sécurité (FDS), la revalorisation du statut des militaires basée sur l’actualisation des textes législatifs et l’amélioration notable des conditions de vie et de travail.
Une nouvelle page d’histoire
La transition ouvre une nouvelle ère placée sous le sceau du renouveau, de la reconstruction nationale et de la restauration de la dignité des Gabonais.es. La réussite du Gabon nouveau dépendra largement de la capacité de ses dirigeants à répondre aux attentes du peuple et à conduire les réformes promises, tout en maintenant la stabilité et la solidarité.
Annie Mapangou