LES INGRÉDIENTS D’UNE RÉUSSITE

LES INGRÉDIENTS D’UNE RÉUSSITE

L’amour de transmettre. Le dévouement pour instruire. Les écoles, les universités, sont des sanctuaires, des temples du savoir. Elles guident. Elles orientent. Cʼest le cas de lʼécole primaire et secondaire Saint-Joseph de Calasanz et de lʼInstitut universitaire des sciences de lʼorganisation (IUSO) dont les méthodes de travail et les ingrédients de la réussite peuvent servir dʼexemple à dʼautres établissements scolaires.


« Vivre » : Père Luis Martίn Nieto, vous êtes la première autorité de Calasanz. Maintenez-vous le cap en termes de réussite scolaire ?


Père Luis Martίn Nieto : Permettez-moi de remercier le magazine « Vivre » dʼavoir choisi Calasanz. La vie nous honore tous. Elle est un don de Dieu le Père. Un cadeau dont il faut profiter. Par rapport au taux de réussite scolaire, les résultats sont excellents depuis le début. Nous avons présenté notre première vague du Brevet dʼétudes de premier cycle (BEPC) en 2004. Calasanz était le meilleur sur la place de Libreville et le deuxième au Gabon. A cette époque, M. Daniel Ona Ondo était le ministre de lʼEducation nationale.


Perplexe, il nous a rendu visite et a dit : « Que se passe-t-il dans cette école qui vient de naitre pour que vous ayez déjà de tels résultats ? 


Jʼaimerais savoir. » Dès le début, nous avions de bons résultats au BEPC. En 2010, nous avons présenté la première vague de la terminale scientifique. Lʼannée dernière, notre douzième vague scientifique a enregistré un taux de réussite de 100%. Et, pour la première fois, toujours lʼannée dernière, la vague littéraire A et B a eu un taux de réussite de 100%.


Quelle est la place que Calasanz occupe par rapport aux écoles catholiques au Gabon ?


Honnêtement, je ne sais pas sʼil y a une école catho- lique qui a de meilleurs résultats que Calasanz. Ce nʼest pas à moi de le dire. Les résultats sont là. Le nombre dʼélèves que nous présentons aux examens se situe autour de 168-170 au BECP et entre 80 et 85 au baccalauréat.


Un taux de réussite de 100% au BEPC et au BAC. Quel est le sentiment qui vous anime ?


Oui, 100%. Cʼest un sentiment de bonheur. On travaille, on récolte ce quʼon sème. Il est vrai que ce nʼest pas facile de maintenir ce niveau, mais on conti- nue à se battre.


Votre école a une certaine renommée, une certaine notoriété à Libreville et dans le Gabon. Vous avez parlé du taux de réussite aux examens, mais quelle est la recette miracle de Calansanz ?


Autrement dit, la baguette magique. Cʼest là que le ministre Daniel Ona Ondo mʼa demandé : « Mon Père, que faites-vous ? » Je lui ai répondu : nous aimons tout simplement ce que nous faisons. Cʼest la baguette magique, cʼest la clé. Cet amour permet de bien faire. Mais il faut savoir ce que lʼon aime pour être efficace. Parfois lʼamour est inefficace ou maladroit. Il faut que cet amour soit édifié et efficace.


Quelles sont les conditions, les ingrédients de la réussite de Calasanz ?


Le suivi des professeurs, le partenariat avec les parents qui nous font confiance. Tout le monde est solidaire. Malgré la fatigue, les professeurs suivent les élèves dès leur arrivée à lʼécole jusquʼà leur départ pour la fac.


Comment associez-vous l’amour de la foi à l’enseignement ?


Nous avons des valeurs. Il ne sʼagit pas seulement de transmettre des connaissances. Le professeur de science de la vie et la terre, des mathématiques ou de physique est un pédagogue, un père qui a la manière de faire passer le message. Nous sommes là pour venir en aide aux personnes qui ont besoin de nous, pour les encourager, leur tenir la main, les soutenir et croire en eux. Cʼest le bien fondé dʼassocier certaines valeurs et de transmettre les connaissances. Mais il y a autre chose : apprendre lʼhonnêteté, la liberté, le respect et je dirais même savoir accueillir chacun comme il est.


Mon Père, un enfant musulman peut-il s’inscrire à Calasanz ?


Bien sûr. On a eu des enfants musulmans très brillants. Ils respectent notre confession, et nous respectons la leur. Cʼest une école qui est ouverte à toutes les croyances. Cette école nʼest pas faite pour produire des petits catholiques. Elle produit des hommes et des femmes debout. On a des musulmans y compris des professeurs depuis des années. L’élève est au cœur de votre enseignement, au centre même de votre école.


Comment se passe alors son accompagnement et son orientation au sein de Calasanz ?


Lʼaccompagnement se voit à travers les résultats produits. Si nous avons besoin dʼaide supplémentaire, nous faisons appel à lʼaumônier, au psychologue et aux affaires sociales.

Quand un enfant arrive en 3e ; on réunit le conseil de classe pour voir sʼil peut aller en série scientifique ou littéraire pour son orientation.


Avez-vous des cas précis d’enfants ayant besoin de l’aide du psychologue ou de l’aumônier ?


Oui ! On a plusieurs cas. Prenons le cas dʼun enfant brillant. Subitement, sa moyenne chute. Vérification faite, nous nous tournons dʼabord vers le parent qui veut que lʼenfant soit brillant dans toutes les matières, puis nous en discutons.


Quel est le bilan de Calasanz de sa création à aujourd’hui et quels sont ces défis ?


Cʼest un rêve pour nous qui est devenu réalité. Le défi, cʼest lʼespace. Il nous faut agrandir les salles de classe.


Nous avons remarqué qu’il n’y a pas de cour. Vous avez un effectif de combien d’élèves ?


La demande est tellement grande. Nos effectifs se situent entre 20 et 42 par salle de classe, 945 élèves au total. On a une annexe. On a introduit une demande de terrain auprès de lʼEtat depuis 2004. Mais, à ce jour, nous nʼavons rien obtenu. Le terrain se situe aux PK8 et 10. Je suis allé au Cadastre, mais ils ne mʼont jamais donné une terre alors quʼils mʼen ont promis depuis 2004.


Quelles sont les perspectives de Calasanz ?


Augmenter les salles de classe, devenir autonome. Avoir un autre terrain. On a commencé avec la paroisse.


Mon Père, la devise de votre école est : « Piété et Lettres ». Qu’est-ce à dire ?


Jʼai deux pieds comme toi. Ils nous permettent de bien marcher. « Piété et Lettres » est le mélange de la science et de la conscience. Avoir une tête bien remplie, cʼest la science. Avoir un esprit saint, cʼest la notion spirituelle.


Un équilibre parfait ?


Oui !


Merci, Mon Père


Cʼest moi qui vous remercie. Votre magazine sʼappelle

« Vivre ». Ici, à Calasanz, nous avons un cours en 3e qui sʼintitule « la vie ». Cʼest une bonne chose.

 

 

Propos recueillis par Eric Ozwald

 

SENSIBILISER LES APPRENANTS A LA SECURITE SCOLAIRE

LʼEglise catholique a des valeurs, des valeurs universelles : ne pas tolérer le mensonge, ne pas tolérer lʼinjustice. Le but est de faire en sorte que nos élèves deviennent de bons citoyens. Notre travail ne consiste pas seulement à remplir la tête. Nous nous devons aussi de remplir les cœurs. Nous avons eu des cas de violence. Cʼest la raison pour laquelle il existe un règlement intérieur, une discipline. On ne tolère pas la violence. Quand on te gifle par exemple, tu ne dois pas riposter. Si tu le fais, tu rentres dans la bataille. Nous sommes pour la paix.

Nous déracinons la violence. Nous avons un cadre sécurisant à travers la barrière de lʼécole, les caméras de sécurité et un relais avec les professeurs. On ne tolère aucune forme de violence. Depuis cinq ans, le taux de violence sʼest réduit. Nous avons éliminé tout ce qui, comme le téléphone, attire la violence, le braquage. Le téléphone est interdit depuis 2015. Personne ne peut amener son télé- phone ici. Les élèves y tenaient. Ils enregistraient du porno, se partageaient les images et les postaient sur les réseaux.

Au-delà de lʼaspect religieux, nous procédons à dʼautres formes de sensibilisation aux violences.Toutes les formes de sensibilisation sont les bienvenues. Chaque fois que quelquʼun frappe à notre porte, nous accompagnons les bonnes initiatives. La dernière, à laquelle nous avons convié des invités, était consacrée au respect de lʼenvironnement, à lʼamour de la nature et au nettoyage des plages.

 

Père Luis Martίn Nieto

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