TÉMOIGNAGES SUR LE 30 AOÛT 2024

“Mon témoignage. Mon vécu des évènements”
Il était entre 4 h 30 et 5 heures et une dizaine de minutes dans la commune d’Akanda, quand j’entendis depuis ma chambre des coups de feu au loin. Je crus que j’étais en train de rêver quand, après un bref arrêt, les coups de feu retentirent de nouveau et me réveillèrent brusquement.
Mon premier réflexe fut de m’éloigner le plus possible de la fenêtre de ma chambre, de peur de prendre une balle perdue, puis je me dirigeai vers la chambre parentale pour signaler la situation à mes parents.
Avec ma sœur, nous nous rendîmes tous au salon pour, d’une part, faire entrer dans la maison notre animal et le mettre à l’abri et, d’autre part, suivre à la télé les chaînes d’informations locales.
Comme nombre de Gabonais, nous étions préparés à cette tournure des évènements compte tenu de ceux qui survinrent au lendemain des élections d’août 2016. Cependant, c’est avec étonnement que nous découvrîmes qu’il s’agissait non pas d’émeutes post-électorales, mais d’un coup d’État orchestré par l’armée, qui venait non seulement de destituer le président Ali Bongo, mais aussi d’annuler les résultats « tronqués » des élections.
Ce fut un étonnement général et une joie immense pour les Gabonais car non seulement nous fûmes libérés de nos tyrans, mais en plus cela se passa sans effusion de sang.
Je pus vérifier cela en appelant mes proches un peu partout dans le pays. Ils me disaient qu’ils se portaient à merveille et que sur les lieux où ils se trouvaient, l’heure était aux festivités. La connexion Internet coupée, comme en 2009 et en 2016 par l’ancien régime, fut rétablie.
Le Gabon allait, à compter de ce jour, entrer dans un nouveau chapitre de son histoire.
Anonymous 008
“MON 30 AOÛT. NOTRE 30 AOÛT”
J’aurais tant voulu, en ce 30 août 2023, partager mes émotions avec les miens. Hélas ! Je suis loin de ma terre natale, de mon Gabon bien-aimé où j’imagine ma famille et mon Libreville, qui me vit naître, émus jusqu’aux larmes.
J’écris ce témoignage d’un pays étranger. J’écris ce témoignage entouré d’amis qui, comme moi, ont cru en ce jour événementiel, et partagent avec moi la joie et l’émotion occasionnés à l’aube du 30 août 2023.
Quel cocktail d’émotions mêlé au rêve, à l’ambition de sortir d’un régime oppresseur ! La déception, la peur, le questionnement constants, mêlés à une joie sans précédent, nous consument.
En repensant aux mois qui ont précédé ce moment historique, plus personne n’était dans un état de positivité. Après la sortie des résultats des élections du 26 août et la victoire évidente de l’ancien régime, il était évident que nous ne voulions plus du régime Bongo.
Hélas ! Une question sans réponse revenait sans cesse dans nos esprits : Que faire pour empêcher la réélection d’Ali et du PDG ? Nous vivions dans la crainte que cette marche vers la liberté soit vaine et mène à un autre bain de sang.
Bien évidemment, nous savions ce que nous voulions mais il planait une once d’hésitation. Alors oui , le CTRI tombait à point nommé. Et son arrivée mis l’ensemble du peuple gabonais dans une joie sans fin . À ce moment là on s’est dit :
“POUR UNE FOIS, QUELQU’UN A PENSÉ À PRENDRE LES CHOSES EN MAIN POUR NOUS. POUR LES JEUNES. POUR LE GABON.”
NGWEN-H
“QUI L’AURAIT CRU !”
Les cris du coeur ont ceci de particulier qu’ils sont spontanés, sincères et poignants. En voici un qui résonne encore dans la mémoire collective et que nul n’oubliera : Qui l’aurait cru !
Un an après, le même cri revient et claque dans les foyers qui rêvaient et ont cru en ce jour où le Gabon pourrait, enfin, VIVRE à l’abri de l’injustice, de la peur, de la violence, des enlèvements et des crimes rituels.
Qui, en effet, aurait cru à l’aube du 30 août 2023 ? L’aube de ce jour était-elle réelle ou illusoire ?
Les communiqués du CTRI annonçant le coup d’état, la destitution du régime en place et l’annulation des résultats tronqués des élections du 26 août, confirmèrent l’incroyablement-vrai : l’arrivée des militaires au pouvoir.
“C’est Enfin Notre Essor Vers La Félicité.”
Ces mots de l’hymne national retentirent comme une douce musique, une aube nouvelle, des lendemains meilleurs.
L’homme providentiel, me dis-je, est-il vraiment là, parmi nous ? Que nous réserve t-il ?
Le fruit tiendra t-il la promesse des fleurs ?
L’ivresse du moment était telle que je remis à plus tard mes pensées. Au fil des jours, des mois, de l’an 1, je repense sans cesse à l’aube du 30 août. La belle aube qui vit naître dans le regard des miens la lueur de lendemains qui chantent.
Un an après, où en le Gabon ? Le chemin est encore long.
Igambiwia