VIVRE DÉCEMMENT : UN DROIT EN PÉRIL ?
Vivre décemment est une aspiration légitime et un droit fondamental de tout être humain. Paradoxalement, selon une étude de la Banque mondiale, plus de la moitié de la population gabonaise vit dans les pires conditions qui soient tandis qu’une minorité vit dans des conditions relevant de l’opulence. Dépourvues du minimum vital, les familles démunies ont du mal à se nourrir, se loger, se soigner ou s’instruire.
On parle beaucoup de la misère, notamment à l’occasion de conférences qui s’achèvent par de belles résolutions dont la plupart s’éteignent sur le bûcher de la mal gouvernance qui, depuis plus de cinquante ans, ruine le Gabon. Il n’y a pas une réelle volonté de l’éradiquer, si ce n’est au sein des familles qui en sont victimes, des organisations humanitaires et de la société civile.
Fruit de la « corruption et de l’irresponsabilité politique », la mal gouvernance empêche le développement économique, l’épanouissement individuel et le vivre décemment. Elle sème la pauvreté et ses conséquences, en particulier l’exclusion sociale, le chômage, la délinquance, l’insécurité et la maladie.
Des hommes et des femmes de milieux divers n’ont de cesse d’alerter l’opinion et de proposer des pistes de solution pour alléger le fardeau de la misère dans laquelle vivent, avec moins de 3 500 francs CFA par jour, entre 700 000 et 1 000 000 de Gabonais.
Certains d’entre eux, que vous lirez et entendrez sous peu, ont participé ou suivi de près le Dialogue national inclusif (DNI) dont « les résolutions, estiment-ils, gagneraient à être traduites dans les faits, le Gabon n’ayant que trop souffert des inégalités et de la pauvreté ». En voici quelques-unes, qui incluent l’édification d’un État de droit où les intérêts particuliers sont bannis au profit du bien commun et de la bonne gouvernance ; l’amélioration effective des conditions de vie des Gabonais dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et les inégalités.
L’accès équitable aux services sociaux de base, y compris des logements salubres et abordables financièrement ; le développement de systèmes sanitaire et éducatif performants ; le passage d’une économie de rente à une économie de production sont d’autres résolutions du DNI.
Au pouvoir depuis le 30 août 2023, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) annonce son ambition d’améliorer les conditions de vie des Gabonais. Pour lutter contre le chômage, qui s’accompagne de la précarité, il a créé 1 000 postes budgétaires en faveur des enseignants du ministère de l’Éducation nationale et levé le gel des concours et des recrutements dans la fonction publique, après huit ans de restriction. Au profit des retraités, on note l’arrimage des pensions au nouveau système de rémunération et le paiement des rappels de pension.
Selon le CTRI, la suppression des frais d’inscription dans les lycées et les collèges a permis à plus de 20 000 enfants de poursuivre leurs études sans être fragilisés par leur situation financière. Afin de susciter l’émulation en milieu scolaire, il a rétabli le paiement de la bourse au secondaire.
Le CTRI réussira-t-il là où le Parti démocratique gabonais (PDG) a échoué ? Si d’aucuns se disent optimistes quant à l’aboutissement des réformes en cours, d’autres sont dubitatifs et attendent de voir se concrétiser le rêve du Gabon nouveau et du droit de vivre décemment dans la dignité et le respect.
« Toute personne a droit à une vie décente. L’en priver est une atteinte à son bien-être,
son bonheur et sa dignité. »
La Rédaction