COMBLER LE FOSSÉ ENTRE ÉCOLE ET EMLPOI

COMBLER LE FOSSÉ ENTRE L'ÉCOLE ET L'EMPLOI

Professeur Télésphore Ondo

Le fossé s’élargit à une vitesse alarmante entre l’école et le marché du travail. Cette situation pose l’épineux problème du décalage entre la formation reçue et les besoins du monde du travail. La crise actuelle et les solutions envisagées sont au cœur de notre entretien avec le Pr Télésphore Ondo, maitre de conférences en droit public à l’Université Omar Bongo.


« Vivre » : Pr Télésphore Ondo, que souhaiteriez-vous dire en guise d’introduction ?

 

Pr Télésphore Ondo : Je tiens d’abord à vous remercier de l’opportunité que vous me donnez pour m’exprimer sur ce sujet très important. Pour en venir à notre propos, l’éducation, la formation et le travail sont les piliers de toute société et la quintessence même de l’existence de l’individu. Point de développement collectif ou personnel sans associer les trois.


Quel regard posez-vous sur les deux secteurs pris isolément et collectivement, et le décalage entre les deux ?

 

L’éducation et la formation sont dans un état de délabrement avancé dans notre pays. L’école publique est submergée par des problèmes interminables et jusque-là insolubles. Ils ont pour noms : effectifs pléthoriques, manque d’enseignants, manque de structures et d’équipements, inadaptation formation-emploi, etc. Quant au travail, il est évident que la fonction publique ne recrute plus comme avant. Le secteur privé devrait normalement prendre le relais. Mais, avec un secteur privé faible, des formations inadaptées, des structures de formation professionnelle limitées, on ne peut qu’assister au décalage entre les deux secteurs.


Quelle est l’ampleur du décalage entre lʼécole et le marché de l’emploi, et quelles sont les causes profondes de ce décalage ?

 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : taux de chômage très élevé, notamment chez les jeunes avec environ 38% des moins de 30 ans, soit le plus élevé de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Les causes sont pour l’essentiel la quasi-inexistence des formations professionnelles ; l’inadéquation entre les besoins du marché et les formations proposées, ainsi que les bourses octroyées ; et l’absence de passerelles entre les pourvoyeurs d’emplois et les services de l’orientation.


Quelles sont les autres actions majeures qui s’imposent pour inverser la crise entre les deux secteurs et booster l’insertion des jeunes dans le marché de l’emploi ?

 

L’État doit créer et multiplier les centres de formation professionnelle dans tout le pays. L’orientation doit se faire en partenariat avec les pourvoyeurs d’emplois. L’État ne doit octroyer des bourses qu’en fonction de ses priorités, par exemple dans les secteurs porteurs, notamment l’agriculture, l’environnement, le numérique, les mines, la santé, l’éducation.


Quelles sont les relations qu’entretiennent les deux secteurs ? Le partenariat y a-t-il sa place ou y a-t-il un travail à faire en profondeur à ce niveau et dans quel sens ?

 

Les deux secteurs ont développé quelques relations de partenariat depuis quelque temps à travers le développement des contrats aidés ; la création de quelques structures de formation professionnelle mais uniquement dans le Grand Libreville et l’autorisation de création de nombreux établissements supérieurs privés, etc. Pour ne citer que quelques exemples, le Centre de recherche et d’études constitutionnelles, administratives, parlementaires, politiques et internationales (CRECAPPI) de l’Université Omar Bongo (UOB) a mis en place des partenariats avec des universités privées et des établissements publics. Le Centre encadre les étudiants doctorants de l’École de management EM Gabon dans le domaine de la recherche, et avec l’École de santé militaire du PK 9 en master de gestion crise et d’action humanitaire.

 

Quʼest ce quʼun contrat aidé au juste ?


Le contrat aidé au niveau de notre pays s’inspire du Code du travail initié en France en 2005 par l’ancien ministre Dominique de Villepin. Dans le cadre de stages de formation pratiques destinés aux étudiants, vous les formez et, en contrepartie, les entreprises qui les recrutent sont exonérées d’impôts. Dans la même logique, des formations d’alter- nance sont organisées pendant trois jours en entreprise et trois jours à l’école. Ces contrats sont formalisés au Gabon depuis 2021. Auparavant, ils existaient sous forme de contrat d’apprentissage.

 

Quelles sont les autres actions majeures qui s’imposent pour inverser la crise entre les deux secteurs et booster l’insertion des jeunes dans le marché de l’emploi ?


L’Etat doit créer et multiplier les centres de formation professionnelle dans tout le pays. L’orientation doit se faire en partenariat avec les pourvoyeurs d’emplois. L’État ne doit octroyer des bourses qu’en fonction de ses priorités, par exemple dans les secteurs porteurs, notamment l’agriculture, l’environnement, le numérique, les mines, la santé, l’éducation.

 

Propos recueillis par Flavienne L. Issembè

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