UN LOGEMENT À VIE

UN LOGEMENT À VIE

Salle de séjour Gabon

Au nombre des besoins fondamentaux de l’être humain, le logement tient une place importante. Le Gabon, dans sa Constitution de 1991, consacre le droit au logement en son article 1 alinéa 10 : « Tout Gabonais a le droit de fixer librement son domicile ou sa résidence en un lieu quelconque du territoire national (…) sous réserve du respect de la loi. »


La déclaration d’Istanbul, adoptée en 1996, cadre parfaitement avec ce qui précède. Elle réaffirme, en effet, le principe du droit au logement comme partie intégrante des droits de l’homme. Au cours de l’ouverture solennelle du forum de l’habitat qui s’était tenu le 6 août 2010 à Libreville, le Premier ministre Paul Biyoghe Mba avait déclaré que : « Chaque Gabonais doit disposer d’un logement décent et facilement accessible qui ne le prive pas de l’essentiel des revenus mensuels. »


En outre, ce n’est certainement pas fortuit si un chapitre lui est consacré dans le 3e rapport national des Objectifs du millénaire pour le développement. Au-delà des effets d’annonce et des dispositions juridiques régissant le droit sociétal, quelles sont les conditions réelles d’accessibilité au logement pour le Gabonais lambda ?


Premier constat : il existe une très forte distorsion entre le taux d’urbanisation (80 %) au Gabon et l’offre résidentielle. Selon les statistiques du PAT (Plan d’accélération de la transformation), ce déficit serait supérieur à la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne. En 2024, cette pénurie atteint le pic de 257 000 unités !


Pourtant, le programme de construction de logements sociaux est indissociable des chantiers de l’émergence du pouvoir exécutif sur lequel les Gabonais avaient fondé tant d’espoir. La livraison promise des 35 000 logements était bien loin d’être atteinte pour 2016. Elle atteignait à peine 6 370 unités, bien en deçà de 20 %.


Ce chantier de construction de logements à la portée d’une majorité de Gabonais s’est fait par l’entremise de la SNI (Société nationale immobilière), de la SNLS (Société nationale des logements sociaux), de sociétés de travaux publics privés sous l’impulsion du gouvernement à travers des programmes bien définis. Ces logements devaient prioritairement être destinés à des personnes dont le niveau de salaire ou de revenus ne dépassait pas un certain seuil.


L’objectif de l’Etat étant double, à savoir résorber la mauvaise qualité de l’habitat mais surtout permettre l’accès à la propriété qui constitue l’un des buts ultimes d’une vie. L’exigence principale des principaux acquéreurs étant de pouvoir disposer d’un logement décent (offrant un minimum de commodités) à moindre coût.



L’accès au logement est indissociable de l’amélioration des conditions de vie. Encore faut-il que le coût d’acquisition cadre avec le pouvoir d’achat qui s’érode à la suite de la stagnation des salaires. Le salaire moyen est de 150 000 FCFA. Or, le coût minimal d’une habitation oscille entre 22 millions et 44 millions, nonobstant le fait que le potentiel acquéreur doit au préalable s’acquitter de 15 % de ce montant.


L’offre reste donc faible, du moins par rapport à la catégorie sociale susmentionnée. L’autre principale récrimination vient non seulement du fait que pour pouvoir être sur la liste, il faut disposer d’un compte bancaire, mais encore d’une attestation d’emploi qui constitue des garanties indispensables.


Les prix d’achat sont jugés prohibitifs. À cela, il faut ajouter les choix dans l’attribution de ces logements qui n’obéissent pas souvent aux principes d’équité, puisque le copinage et des règles de complaisance empêchent les plus nécessiteux d’en bénéficier.


Cet état de faits donne lieu à des situations rocambolesques et extrêmes, à l’image de la « Cité de l’égalité des chances » et du chantier abandonné du Ciciba, à Akanda, où des habitations furent prises d’assaut, squattées par des milliers de personnes vivant dans des conditions déplorables, sans raccordement à l’eau courante et à l’électricité.


D’autres pesanteurs relatives aux délais de livraison ainsi qu’aux retards ou défauts de paiement minent considérablement la politique du logement. Enfin, les détournements de fonds publics sont une plaie qui, hélas, n’échappe pas à la politique de l’habitat.


En 2018, le détournement au port d’Owendo d’une vingtaine de conteneurs de matériaux de construction d’une valeur de 10 milliards de FCFA nous renvoie à cette pieuvre pernicieuse qui compromet gravement les priorités qui peuvent être gage de paix sociale et surtout le contrat de confiance déjà fragile à l’égard de l’Etat.

Adia Rénomiè


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