DE LA 2ÈME À LA 3ÈME GÉNÉRATION DE LA PRESSE

Journalistes gabonais,
Les rapports entre la deuxième et la troisième génération sont parfois empreints de complexes
Au sens du présent article, la deuxième génération des journalistes gabonais regroupe ceux qui ont embrassé la profession jusqu’à la fin de la décennie 1990 et qui, aujourd’hui sexagénaires, partent progressivement à la retraite ces dernières années. Quant à la troisième génération, elle renvoie à la cuvée des premières années 2000. Les rapports entre elles n’ont pas toujours été faciles, en raison des complexes que chacune nourrit vis-à-vis de l’autre.
Pour la plupart nantis de diplômes universitaires, les journalistes de la troisième génération ont tendance à regarder avec un brin de condescendance ceux de la deuxième génération. Ils tirent ce complexe de supériorité du fait que depuis une vingtaine d’années, nombre d’écoles de journalisme ont adopté le système des universités, en bourrant la formation d’enseignements généraux du genre sociologie des médias, économie des médias ou sémiotique. Certaines écoles n’admettent plus de candidats n’ayant pas au minimum le niveau licence (bac+3), alors que dans le temps, elles recrutaient avec le niveau bac.
Face à la deuxième génération, ces têtes bien pleines inspirent la méfiance. En effet, à la différence de leurs cadets pétris de savoir théorique, les produits de la deuxième génération ont suivi une formation ayant mis l’accent sur la maîtrise des genres journalistiques et la déontologie. Ils ont fait beaucoup de terrain et de travaux pratiques. C’est là leur point fort face aux “universitaires”, qui peinent à s’approprier le principe de la pyramide inversée propre à l’article de presse. L’on note chez les journalistes de la troisième génération, à leurs débuts, une propension à faire de l’article de presse une dissertation académique.
Malgré ces rapports empreints de complexes, il y a des exemples de compagnonnage harmonieux. Des éléments de la troisième génération ont su se faire humbles, pour pouvoir maîtriser les ficelles de ce métier qui s’apprend encore mieux sur le terrain, par une pratique régulière et rigoureuse, que sur les bancs d’un institut des sciences de l’information et de la communication. Des anciens soucieux de transmettre l’art à l’effet d’assurer la relève ont pris des cadets sous leur aile. Des relations professionnelles ont dérivé en relations quasi filiales. Heureusement !
Martial Indoundou