DÉSIREY MINKOH :IMMERSION DANS L’UNIVERS D’UN PHOTOGRAPHE TALENTUEUX

DESIREY MINKOH
IMMERSION DANS L’UNIVERS D’UN PHOTOGRAPHE TALENTUEUX

Desirey Minkoh, photojournaliste, a fait ses premiers pas dans ce domaine au quotidien national "L'Union" et à l'Agence France Presse (AFP) avant d’atterrir au summum des institutions du pays, à la présidence de la République, comme photographe des présidents Omar Bongo Ondimba, Ali Bongo Ondimba et Brice Clotaire Oligui Nguema.  Il a été sacré lauréat de la 4ème édition du Grand Concours Photo organisé par le magazine "PHOTO" catégorie "Reportage."  En grand observateur, il figure parmi ceux qui ont vécu et capté à travers les objectifs de ses appareils photo, la rupture dans les modes d’utilisation des médias au Gabon qui étaient sous le contrôle du pouvoir en place. La donne a changé grâce aux avancées technologiques avec du matériel de plus en plus sophistiqué et allégé.

Depuis lors, le photo journalisme a pris une nouvelle tournure avec l’avènement du multipartisme au Gabon dans les années 1990 suite à la conférence nationale qui déboucha sur la création d’une multitude de partis politiques de différentes obédiences. « Libérés » du contrôle de l’État et du parti unique, le Parti Démocratique Gabonais (PDG), les partis issus de l’opposition créèrent chacun leur propre organe de presse pour assoir leurs idéologies, sensibiliser les populations en toute liberté et dans la transparence. C’est ainsi que ces derniers se munirent de photographes.

La photographie devint alors, au fil des années, un instrument de propagande en quête d’assoir et d’accroitre la visibilité des candidats briguant les postes nominatifs. Le métier de photographe gagne du terrain, de meilleurs émoluments et en respectabilité, particulièrement lorsqu’ils servent de témoin lors des manifestations et échauffourées. Ces prises de vues peuvent être en effet servir d’éléments de preuve de la véracité des faits dans les journaux.

Desirey Minkoh nous transporte dans l’univers de la photographie à travers plusieurs angles dans un pays où il ne manque guère de situations rocambolesques à couvrir. Il eut le privilège d’illustrer les événements marquants et les changements sociétaux aux niveaux politique, économique et artistique.

« Vivre » - Desirey Minkoh, comment avez-vous atterri dans le photojournalisme ?

J'ai deux spécialités en photographie et en photojournalisme. J'ai également fait une formation dans le domaine du portrait d'art. Compte tenu de mes aspirations naturelles et aimant le risque, j'ai choisi de faire du photojournalisme. J'allais en mission dans des zones de conflits et je couvrais des évènements sportifs et culturels.

Comment la photographie est-elle appréciée en Afrique ?

En Afrique, la profession de photographe est de plus en plus respectée dans toutes les classes sociales, en partie du fait de l’augmentation des émoluments et de la qualité des œuvres de l’esprit.

Entre photographes professionnels autodidactes et professionnels sortis des grandes écoles, quelle différence ?

Un photographe se désigne photographe dès qu'il a un appareil photo. Alors qu'au départ c'est un ensemble. Pour ceux qui ont fait l'école photo il y a un front commun que l'on suit, puis, au sortir de là, on peut se spécialiser en photojournalisme, portraitiste en photographie environnementale et d’autres spécialités. Je tiens néanmoins à souligner que la photographie est tout d'abord une passion. Les autodidactes qui sont passionnés par la photographie et qui maitrisent les techniques de ce métier sont à même de devenir des professionnels avant-gardistes.

La photographie est-elle une discipline artistique à part entière ?

Je vais vous expliquer comment la photographie se conçoit. La photographie est un art qui permet de fixer l'image et à l'intérieur de cette photographie il y a des branches de différents genres photographiques. Malheureusement, ce n'est pas encore bien développé au Gabon, ni bien appliqué chez nous, parce que parfois tout est confondu. Selon la définition de la politique de l'art, la photographie est l'ensemble des actions, des décisions, des stratégies mises en place par les institutions publiques ou privées pour influencer, soutenir ou réglementer, ou contrôler la production, la diffusion et la prescription d'œuvres d'art. Il y a donc l'aspect politique, social et culturel dont il faut tenir compte dans la conception des œuvres photographiques.

Comment avez-vous réagi à la cérémonie de restitution de certaines œuvres d’art gabonais au ministère de la Culture et des Arts ?

J’ai reçu cette information par la presse. J’avais fait un post sur ma page Facebook. Ce qui m’a d’abord choqué, c’est le fait que les gens, qui viennent piller vos œuvres et se décident à vous les restituer, le font comme s’ils vous offrent un cadeau. Et s’ensuivent des mercis à n’en pas finir… C’est la première chose qui m’a choqué.  Ce sont nos œuvres, mais nous agissons comme si c’est un don. On nous a remis les œuvres par compassion. Nous les avons réceptionnés, mais il faut d’abord que le musée soit ouvert à tous. J’y suis allé plusieurs fois mais, en ce qui me concerne, le prix me semble trop élevé.

Au niveau national, quand je lance « l’Esprit du Bwiti », j’ai d’abord voulu l’exposer au musée national, mais la lourdeur administrative ne m’a pas permis de le faire. J’étais obligé d’aller le lancer à l’Institut français. Malheureusement, si vous rentrez dans ces petits manquements vous n’allez jamais rien entreprendre. C’est difficile. Donc, il faut penser aux plus jeunes qui vont continuer. »

Quel apport attendez-vous des pouvoirs publics en tant qu’artiste ?

C’est d’abord à nous qu’il incombe de leur prouver ce que nous sommes à même de faire…Avant de demander de l’aide à l’État, nous devons montrer ce que nous faisons à notre niveau. Par exemple, ceux qui font dans la pierre de Mbigou, voilà des gens qui peuvent réclamer à l’État parce que nous voyons ce qu’ils produisent au quotidien. En tant que photographe, que pouvons-nous réclamer ? Ceux qui seront les mieux organisés auront plus de chance d’obtenir des aides sous la 5 ème République.



Propos recueillis par Yvette Bivigou
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