« FÉMININ CRÉATIF » OU L’ART DE S’ÉMANCIPER ET SURPRENDRE
« FÉMININ CRÉATIF » est un concept né de la volonté de mettre en lumière le savoir-faire des femmes gabonaises. Il ne s’agit pas uniquement d’art au sens classique du terme, mais de toutes les formes de créativité et d’entrepreneuriat portées par des femmes : artisanat, stylisme, cosmétique, cuisine, design, décoration, etc. L’audace féminine s’exprime ici dans la capacité à créer, innover et entreprendre malgré les freins sociaux, économiques et culturels. Ce projet est une plateforme d’expression, de visibilité et de reconnaissance. » Bienvenue dans l’univers de « FÉMININ CRÉATIF » qui a bien voulu recevoir le magazine « Vivre » à la veille de sa première exposition le 25 mai 2025 à Libreville.
Constalida Orty Mehekou Mouloungui, vous êtes la présidente de l’Association. Quels en sont les membres et quel est leur profil ?
Constalida Orty Mehekou Mouloungui – « Notre organisation compte sept membres, des femmes dynamiques, engagées et passionnées, venant de divers horizons artistiques et entrepreneuriaux. Elles sont créatrices, innovatrices, mais surtout conscientes de leur rôle dans la transformation de notre société. » *
Quelles sont les conditions d’adhésion à « FÉMININ CRÉATIF » ?
« Il faut être une femme porteuse d’un projet créatif ou entrepreneurial, avec une volonté claire de participer à une dynamique collective. L’adhésion se fait sur dossier, avec une présentation du projet, une lettre de motivation et un entretien avec le bureau de l’Association. Nous recherchons des profils engagés, prêts à contribuer activement à la mission du collectif. »
Mme Mehekou Mouloungui, dans quelle mesure l’art pratiqué par les femmes gabonaises peut-il être considéré comme un acte d’audace face aux normes sociales, culturelles et politiques du pays ?
« L’art féminin, au Gabon, est encore trop souvent cantonné à l’espace privé ou marginalisé dans l’espace public. Lorsqu’une femme décide d’exposer, de créer, de vendre, de prendre la parole à travers son art, elle pose un acte de rupture. Elle conteste les normes silencieuses qui veulent qu’elle soit invisible. L’audace réside dans le choix de s’affirmer, de revendiquer sa place et de transformer l’art en outil de discours social et de revendication identitaire. »
Comment les femmes artistes gabonaises utilisent-elles l’art pour défier les stéréotypes de genre et revendiquer leur place dans la société ?
« Elles le font par la création de récits visuels et symboliques qui parlent d’elles, de leur vécu, de leur lutte. À travers leurs œuvres, elles déconstruisent les rôles de genres, exposent les injustices, valorisent la femme comme actrice de changement. L’art devient un espace de résistance, un outil de prise de parole là où le silence est imposé. C’est une stratégie puissante de réappropriation de leur image et de leur destin. »
En quoi l’expression artistique féminine au Gabon reflète-t-elle une forme d’engagement et d’émancipation dans un contexte encore marqué par des inégalités de genre ?
« Créer, pour une femme, c’est déjà s’émanciper. Dans un contexte où les inégalités persistent, où l’accès aux financements, à la formation, à la reconnaissance reste limité, chaque œuvre produite est un geste d’engagement. L’art devient un moyen de dénoncer, de proposer, d’unir et de faire évoluer les mentalités. Il incarne un désir de liberté et un besoin de changement profond dans la société. »
Quels sont les obstacles auxquels se heurtent les femmes artistes au Gabon, et comment leur audace transforme-t-elle le paysage culturel gabonais ?
« Les obstacles sont nombreux : manque de structures d’accompagnement, faible valorisation du travail artistique féminin, préjugés sociaux, manque de financement, invisibilité médiatique. Malgré cela, les femmes osent. Elles créent leurs propres espaces, se soutiennent entre elles, initient des projets comme FÉMININ CRÉATIF. Leur audace change la donne : elle fait émerger de nouveaux modèles, bouscule les cadres établis et rend visible une force créative jusqu’alors sous-estimée. »



Que propose « FÉMININ CRÉATIF » pour sa première exposition ?
« Pour cette première édition, qui se tient le 25 mai à Libreville, « FÉMININ CRÉATIF » propose une exposition pluridisciplinaire qui mêle arts visuels, artisanat, gastronomie et créations entrepreneuriales. C’est un espace où se rencontrent la beauté, le sens et l’action. Chaque exposante présentera son univers, son identité, son parcours. Il ne s’agit pas simplement de montrer, mais de partager des expériences et de susciter des vocations. L’exposition se veut inclusive, accessible et inspirante. »
Parlez-nous du site de l’exposition et des conditions d’accès. Sont-elles gratuites ou payantes ?
« L’exposition a lieu à proximité du Lycée Léon MBA dès 10h00, sur l’aire de jeu située en face de la montée des Trois-Quartiers. L’entrée est gratuite, car nous souhaitons permettre à toutes et tous de venir découvrir, soutenir et célébrer la créativité féminine gabonaise, sans barrières d’accès. »
Un mot de fin ?
« FÉMININ CRÉATIF » est bien plus qu’un événement : c’est un mouvement. Un appel à toutes les femmes à croire en leur potentiel, à oser, à créer et à entreprendre. Notre pays a besoin de ses femmes, de leur vision, de leur audace. Nous vous attendons nombreux le 25 mai à Léon MBA pour célébrer cette énergie féminine qui transforme le Gabon. Un projet à la fois. »
Propos recueillis par Annie Mapangou
Membres de l’association « FÉMININ CRÉATIF »
Diplômée en techniques de commercialisation, Constalida Orty Mehekou Mouloungui est présidente de l’Association et fondatrice du projet Les Saveurs de l’Ivindo. Sa start-up valorise le manioc, un produit du terroir, un levier innovant aux plans culturel et économique, et une fierté nationale. Orty transforme le manioc en divers produits alimentaires (jus, boulettes, yaourts, gauffres, compotes, etc…) et d’autres richesses locales telles que la banane et l’igname. Son but est de promouvoir le tourisme culinaire et de réduire la dépendance alimentaire du Gabon, certains produits importés étant avariés quand ils arrivent sur le territoire.
Félicia Cherole Koundi Mandega est secrétaire générale de l’Association. Sa start-up, « Bon Tchup », est spécialisée dans la transformation des produits alimentaires locaux, notamment la tomate. « Bon Tchup » est né d’un constat. Il s’avère qu’en matière de sauces d’accompagnement, les Gabonais consomment davantage de produits exportés. « Bon Tchup » a décidé de se spécialiser dans la transformation des tomates bio de notre pays en sauces d’accompagnement locales.
Cornélie Brishka Odjele est secrétaire générale adjointe et porteuse du projet Atende Bohou. Cette entreprise, née du manque et de la cherté des champignons comestibles au Gabon, est spécialisée dans la production et la transformation de cet aliment à partir de différents substrats naturels considérés comme déchets. Le but est de valoriser les produits locaux tout en contribuant à l’économie du pays dans le respect des objectifs de développement durable.
Marianne Mengue Ebang, trésorière de l’association. Sa start-up, Les Krevet Bio De Kango est une poissonnerie en ligne qui commercialise des poissons et des crustacés frais et fumés. Ces produits sont issus des eaux du Komo Kango. L’idée, comme l’indique le slogan de la marque, est Consommer Bio C’est Manger Gabonais !!! et de faire la promotion du potentiel halieutique local en incitant les populations à davantage consommer des produits bio de chez nous qui sont bénéfiques pour la santé.
Marie Joëlle Steffie Avome est trésorière adjointe et fondatrice du projet By Avome à travers lequel elle travaille à la production et la valorisation intégrale de l’Artocarpus Altilis (fruit à pain). By Avome est une start-up innovante qui, grâce à ses 4 quatre piliers (transformation, écologie, agroforesterien culture), prouve que l’Afrique et le Gabon ont des ressources et des moyens pour écrire l’histoire des défis auxquels le monde est confronté actuellement. Marie Joëlle a un Master 2 en environnement et développement durable.
Sylvaine Rhaïna Lengoumou Kengue est vice-présidente de l’Association et fondatrice du projet Leng’s Arts qui est spécialisé dans la conception de divers objets issus de matériaux renouvelables et durables, respectueux de l’environnement. Grâce à l’usage de la résine, elle réalise des cadres photos, des stylos, des bijoux, des œuvres d’art, des horloges, des tables basses économes et décoratives grâce auxquelles l’usage des nappes n’a plus d’importance.
Grâce Nancy Bivigou Mouendou est responsable de la communication et fondatrice de Dulce Conception, une startup spécialisée dans le recyclage et la transformation des déchets plastiques ferreux et des palettes en bois dont elle se sert pour créer des meubles décoratifs et d’aménagement. Le projet est né du constat d’insalubrité dans le grand Libreville. Le slogan de Dulce Conception est « Du déchet à la conception design ».

