JEAN-RÉMY YAMA
UN IDÉAL. UNE CONVICTION.
UN IDÉAL. UNE CONVICTION.

Jean Rémy Yama a parcouru un long chemin façonné au gré des luttes, des avatars, des aspérités et des contextes mouvants que la vie offre. Après sa deuxième incarcération à la prison centrale de Libreville en mars 2022 sous le régime d’Ali Bongo Ondimba, il est libéré le 5 septembre 2023 par le Comité pour la transition et la restauration des institution (CTRI).
« Son chemin, comme il aime à le dire, est marqué par un assemblage d’expériences fort enrichissantes que Dieu, le Tout Puissant, a mis à sa disposition pour bâtir ses idéaux et tisser une toile de relations humaines incarnée par des compagnons de lutte fidèles et déterminés, dont certains ont quitté le monde des vivants. Ceux qui sont en vie continuent de le revigorer dans les moments de doute et de solitude. »
L’enseignant, sénateur de la Transition, président du Parti national pour le Progrès et le Travail (PNPT) et candidat à l’élection présidentielle du 12 avril 2025 est écarté de la liste des prétendants au poste présidentiel. Troix semaines après, il voit sa candidature à la députation rejetée. Il peut par contre se présenter aux élections locales du 27 septembre. Il a conduit la liste du PNTP dans le département de Mulundu, province de l’Ogooué-Lolo.
L’ancien syndicaliste est déterminé plus que jamais à s’engager au service de la justice sociale et de la construction d’un État de droit véritable qui fait tant défaut au Gabon.
Le natif du village Roungassa, dans la province de l’Ogoué-Lolo
Alors qu’il est encore étudiant à l’USTM entre les années 1986 et 1988, il est précocement imprégné par les maux qui ternissent l’image du Gabon (gabegie, détournements de deniers publics, népotisme, clientélisme, atteinte aux droits de l’homme, inégalités sociales, pauvreté, etc.).
En 1998, après la fin de ses études doctorales en France, Jean-Rémy Yama est recruté à l’Université des Sciences et Techniques de Masuku (USTM) en tant qu’enseignant-chercheur dans un contexte social de frustrations croissantes et de bouillonnement interne. Élu en 1999 à la tête de la section du Syndicat national des enseignants et chercheurs (SNEC), de la Confédération Syndicale Dynamique Unitaire (CSDU) et du Collectif des enseignants et chercheurs de l’USTM, Jean Rémy Yama a su défendre les idéaux du syndicalisme. Cette élection lui a permis de dénoncer les conditions de vie et de travail précaires auxquelles les universitaires sont confrontés.
Le 5 mai 2000, le Collectif des enseignants et chercheurs du Gabon, né de la fusion de tous les collectifs de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, se met en place. Le natif du village de Roungassa est porté en 2002 à la tête de ce grand collectif alors que le gouvernement vient de dissoudre, par ordonnance, les collectifs. Suite à cette mesure, le Collectif des enseignants et chercheurs du Gabon se fond dans le SNEC. Feu Apollinaire Essono (ancien Secrétaire général du SNEC) installe le bureau dudit collectif comme le nouveau bureau national du SNEC.
En 2006, Jean-Rémy Yama se présente aux élections législatives pour le compte de l’UDGG face au Secrétaire général du PDG. Entre 2013 et 2014, une grève quasi généralisée dans l’administration publique et dans le secteur privé et le Dialogue social d’Angondjé, tenu de novembre 2014 à janvier 2015 lui offrent l’occasion de découvrir que tous les travailleurs du Gabon connaissent le même traitement de mépris des employeurs. Ses rencontres et échanges fructueux avec d’autres leaders syndicaux dans le cadre du Dialogue d’Angondje lui donnent l’idée de créer la Confédération syndicale Dynamique Unitaire.
Le 15 janvier 2015, la CSDU devient la plus grande et la plus crédible des confédérations syndicales au Gabon. Elle ne recule ni devant la corruption endémique, ni les menaces physiques, ni les pressions psychologiques. En février 2015, Dynamique Unitaire déclenche une grève générale qui paralyse l’administration publique et débouche, en juillet 2015, sur le nouveau système de rémunération dans la fonction publique.
Ce combat dérange les plus hautes autorités de l’État qui lui prêtent un destin politique national susceptible de déstabiliser le président de la République de l’époque, Ali Bongo Ondimba, contesté par le peuple. En 2015, le militant des droits est victime de procédures judiciaires dans le cadre de l’affaire de la parcelle d’Angondjé suite aux intimidations et poursuites d’enseignants et de chercheurs, regroupés au sein de la Société civile immobilière Serpentin.
Annie Mapangou