QUELLE EST LA PLACE ET QUEL EST LE TRAITEMENT
DE L’ARTISTE DANS NOTRE SOCIÉTÉ ?
Après avoir dans un premier temps, répondu aux questions de savoir ce qu’est l’art, et ce qu’est un artiste, examinons sans fard, la place qu’occupe l’artiste dans notre société. Il est évident qu’en ce qui concerne la place de l’artiste dans notre très chère société gabonaise, nous sommes dans un vrai capharnaüm. Et pourtant ce n’est pas faute de talents.
Que ce soit dans le cadre de l’ÉNAM (École Nationale d’Art et de Manufacture) en pleine décrépitude (en apparence du moins) ou grâce aux initiatives personnelles de certains, artistes ou pas, notre société ne peut se plaindre d’un manque de talents parmi la plupart des artistes gabonais, même si souvent le pire le dispute au moins bon, voire au meilleur.
Pourquoi la situation n’est-elle pas tranchée afin que nous soyons dans un environnement où existeraient des structures adéquates afin que quand une manifestation d’ordre purement artistique est annoncée, toute personne intéressée soit sûre qu’elle pourra assister à une performance se déroulant dans un cadre adéquat (concerts, expositions, théâtre, ballet, etc…) avec des intervenants d’un niveau au minimum moyen sinon plus, avec un accueil au niveau, une sono au top, un éclairage correcte, des dépliants de qualité… ?
Pourquoi la situation n’est pas tranchée, disais-je ?
Tout simplement parce que les pouvoirs publics jusqu’à ce jour ne s’impliquent pas de manière décisive. Je me contenterai de donner l’exemple des droits d’auteur par chez nous où ce projet joue les arlésiennes. Il est évoqué depuis au moins une quarantaine d’années mais peine à prendre corps faisant regretter à des anciens comme Hilarion NGUEMA l’époque de la SACEM (Société des Auteurs Compositeurs et Editeurs de Musique) quand au moins une fois l’an sinon plus, ils percevaient leurs droits en espèces sonnantes et trébuchantes. Il y a d’abord eu l’ANPAC, (Agence Nationale de Promotion Artistique et Culturelle) aujourd’hui c’est le BUGADA (Bureau Gabonais du Droit d’Auteur) qui s’y colle avec semble- t-il avec le même résultat. Aujourd’hui, un artiste gabonais (compositeur, chanteur, rappeur, slameur …) peut faire des millions de vues et ne rien toucher tout simplement à cause de l’absence d’une structure adéquate dédiée. L’un d’eux m’a confié que pour ne pas être perdant dans ce cas, il vaut mieux avoir cette structure dédiée à l’étranger. Ne parlons pas des artistes peintres et autres sculpteurs (EKORE, MBOUROU et autres anonymes…) qui ont dû leur survie à des institutions de la place telles que BICIG pour ne citer que celle-là.
De la responsabilité des pouvoirs publics
Pourquoi les pouvoirs publics ne jouent-ils pas leur rôle à fond afin d’éviter à des compatriotes méritants des fins de mois difficiles en mettant en place le cadre approprié afin que l’âme gabonaise puisse avoir droit de cité. Il est tout à fait normal que grâce à son talent, les frères cap-verdiens et antillais se soient appropriés feu Oliver NGOMA. Ce qui ne l’est pas par contre c’est que pour atteindre ces hauteurs, il ait été contraint, à son corps défendant, tout comme pour la majorité de ses semblables chanteurs, d’être un homme-orchestre et de ne devoir sa réussite non pas seulement à des prédispositions naturelles et à un travail acharné, mais plutôt à sa capacité de jouer à travers une débauche d’énergie, les rôles de producteur, technicien du son, réalisateur de clips, promoteur et j’en passe.
La jeune génération de chanteurs, musiciens et autres réalisateurs de films sont à ce jour logés à la même enseigne. Encore heureux que la révolution numérique nous ait apporté la démocratie des moyens en permettant à qui le veut, d’être vu par des milliers sinon des millions de personnes sans bourse délier. Mais il n’en demeure pas moins que l’incontournable technique du streaming manque cruellement d’un encadrement approprié au niveau national.
J’ose espérer que ces manquements ne résultent pas d’une mesquinerie uniquement assumée en privé comme me l’a confié un jeune chanteur qui me disait qu’un « responsable » lui avait déclaré : « Vous avez déjà le succès, si en plus vous avez l’argent, que va-t-il nous rester ? » Je ne me pose même pas la question de savoir si cela est vrai ou pas car dans l’affirmative ce serait tellement grave que je préfère le déni absolu. Cela ne devrait pas être. Arrêtons les guéguerres qui nous tirent vers le bas et n’oublions pas qu’une société évolue en fonction de son aptitude à gérer ses contradictions en les convertissant en quelque chose de positif dans l’intérêt du plus grand nombre.
OSONS AVOIR UNE VISION
édégo
QU’EST-CE-QUE L’ART ET QU’EST-CE QU’UN ARTISTE ?

L’ Art ! Ce mot souvent galvaudé et banalisé porte en lui l’histoire de l’humanité et de nos sociétés. Si d’aucuns en sont conscients, d’autres en revanche n’en ont cure, alors même que sans ce bien précieux, il est certain que les cas de dérèglements mentaux se multiplieraient par un X fort.
L’Art est le produit qu’un homme ou une femme offre à ses contemporains et qui très souvent lui survit à travers les siècles. L’art est un refuge.
Très souvent, il rassemble tout comme il divise sans conséquence majeure car l’attraction, la fascination d’une œuvre d’art fournit à tout un chacun la possibilité de n’avoir pas besoin de justifier de son choix, de sa préférence en toute souveraineté, car il relève du ressenti le plus intime, du domaine de l’indicible.
Cette approche laudative ne nous dispensera pas de nous poser les questions fondamentales et incontournables de savoir : qu’est-ce-que l’art et qu’est-ce qu’un artiste ?
Selon GOOGLE : l’art regroupe les œuvres humaines destinées à toucher les sens et les émotions du public. Il peut s’agir aussi bien de peinture que de sculpture, vidéo, photo, littérature, musique, danse… C’est un ensemble de connaissances, de règles, d’actions, dans un domaine particulier et dont le résultat est destiné à toucher les sens et les émotions du public.
C’est une manière de s’exprimer aux fins de communiquer afin de susciter la réflexion et l’éveil des sens. C’est une forme d’expression humaine fondamentale, qui transcende les frontières culturelles, et qui continue d’enrichir notre vie de multiples manières.
Vaste et ô combien complexe est le sujet.
En effet, l’art est un message codé accessible aux uns et aux autres en fonction de la sensibilité de chacun. Il arrive que des personnes se pâment devant un tableau en croyant être en harmonie alors que c’est pour des raisons différentes, parfois diamétralement opposées, tout comme il arrive que des personnes aux caractères diamétralement opposés aiment, apprécient une œuvre pour les mêmes raisons.
Pourquoi cela ?
Tout simplement parce que en général, l’art magnifie le réel. C’est ainsi que les uns et les autres, d’horizons divers, de cultures différentes, en arrivent à se retrouver voyageant ensemble dans la même classe de la psyché humaine sans rien trouver à redire. C’est ça la magie et l’essence même de l’art !
Y a-t-il un sceptique dans la salle ? Venons-en à l’artiste
Qu’est-ce qu’un artiste ?
Selon GOOGLE, citant cette fois WIKIpédia, « Un artiste est un individu faisant une œuvre, cultivant ou maîtrisant un art, un savoir-faire, une technique, et dont on remarque entre autres, la créativité, l’inventivité, l’originalité de sa production, de ses actes, de ses gestes. »
Selon Le Robert, toujours cité par GOOGLE, c’est « une personne qui se voue à l’expression du beau, pratique l’art » ou encore qui aime l’art.
L’artiste se sent en mission. En fait, il est vraiment en mission, mais en mission non secrète, sinon il serait un inconnu parmi tant d’autres. Un artiste est libre dans sa tête nonobstant parfois des contradictions qui ne font que confirmer son statut car se distinguer par son art est une révolution permanente, et un vrai révolutionnaire va toujours jusqu’au bout de tout ce qu’il entreprend.
Tel est son destin !
Pour atteindre son objectif, il convoque l’émotion quel que soit sa spécialité. Il est en permanence sur le fil du rasoir, en permanence entre la normalité et l’anormalité. Tout ça pour qui ?
Eh bien pour nous et à notre grande satisfaction souvent hypocrite. C’est un explorateur permanent de son inconscient qui transparaît dans tout ce qu’il entreprend, ce qui l’expose énormément car très souvent, les plus sincères se mettent complètement à nu au propre comme au figuré, par amour de la société et de leur art.
C’est un combat permanent entre aller dans telle direction où dans telle autre, jusqu’où ?
Loin, encore plus loin ?
Toujours plus loin !
Lui seul sait, parfois pas du tout, car porté par son esprit missionnaire le combat est mené sur plusieurs fronts public comme privé contre l’inconnu, contre la société, mais avec amour.
L’artiste est sa propre hiérarchie. Il s’envoie en mission souvent sans trop savoir où, mais par amour pour les siens (le public) il ne s’épargne rien. Cela l’amène quelque fois à être en porte à faux face à ces derniers.
Mais comment oublier que le chemin de l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions ?
Qu’à cela ne tienne, l’esprit missionnaire est toujours là. Il se reprend, rassemble tous les éléments de son courage et en avant pour d’autres cieux car un artiste, un vrai, n’abandonne jamais. Il perd sa mère dans l’après-midi, le soir, il monte sur scène.
Comme l’a relevé James BALDWIN dans son ouvrage intitulé « LE PROCESSUS CRÉATEUR » : l’artiste se bat contre la société oui, mais c’est un combat d’amoureux.
ÉDÉGO